Entre la crise sanitaire, le passage de la tempête Alex et le récent attentat qui a frappé la basilique Notre-Dame de Nice, le département des Alpes-Maritimes doit faire face à de nombreux défis et adapter son budget 2021 en conséquence.

Une séance «exceptionnelle». Ce matin, les élus départementaux se réunissaient pour une nouvelle réunion de crise. Pandémie de Covid-19, tempête Alex, attentat à la basilique Notre-dame de Nice, les Alpes-Maritimes traversent une période particulièrement difficile. Retour dans un premier temps sur le drame qui a frappé Nice le 29 octobre dernier. D’abord, on se sera félicités de la rapidité d’intervention des forces de sécurité locales et l'on aura rendu hommage aux victimes par une minute de silence observée par l'assemblée, pour ensuite aborder le coeur du sujet : l’islamisme radical et les actes terroristes qui y sont liés. «C’est parce que la République ne reconnaît aucun culte qu’elle les protège tous», rappelle le président du Conseil départemental, Charles Ange Ginesy. Vient alors la question des frontières : «depuis des années nos frontières sont des passoires par lesquelles rentrent massivement des populations et la saturation fait qu’elles ne peuvent plus être assimilées et intégrées». Les bases sont posées. 

Emploi, les Alpes-Maritimes particulièrement impactées par la crise sanitaire

Place aux questions sanitaires et budgétaires. Et le ton n’en est pas moins grave : «après avoir mis un genou à terre avec le confinement, l’économie française est proche de l’écroulement avec le reconfinement», alerte le président du Département. Et pour cause, selon les chiffres officiels, le PIB «devrait reculer de 11% en 2020». Sans parler de la fermeture des bars, restaurants et autres établissements du secteur CHR, avec une baisse de l’emploi avoisinant les 7% et donc plus marquée qu’au niveau national qui enregistre une moyenne de 4%. 

Pour la collectivité, le basculement dans le dispositif RSA de nombreux actifs sans emploi aura eu un impact sans précédent sur le territoire maralpin. En données stabilisée, il y avait près de 26.000 allocataires fin août 2020 contre moins de 22.000 un an auparavant, soit une hausse de 18,5% et «14M€ sont nécessaires pour couvrir les dépenses induites par la flambée des allocataires RSA»

Tempête Alex : le gouvernement interpellé 

Sans oublier les dépenses engendrées par le passage de la tempête Alex : «au-delà du coût social et humain, le coût de la reconstruction sera énorme», souligne Charles Ange Ginesy. Budget estimé : près de 1Md€ pour reconstruire les vallées sinistrées, dont près de 600M€ pour les routes du territoire maralpin, avec une addition tout aussi salée côté Métropole. Pour le moment, ce sont 200M€ qui ont été débloqués, «en attendant les aides promises par le gouvernement». De son côté le président du Département s’est adressé au Premier ministre, Jean Castex, et à la ministre des Armées afin de demander le rétablissement des moyens de Solidarité Nationale annoncés suite au passage de la tempête, avec les rotations héliportées de l’armée pour accompagner le chantier à venir. «La Dotation de Solidarité […] qui représente 50M€ pour l’ensemble du territoire national sera largement insuffisante face à l’ampleur de la catastrophe», souligne Charles Ange Ginesy. 

L’assemblée plénière a donc procédé au vote d’une délibération modificative «hors norme», dotée d’un budget de 60M€ immédiatement mobilisable afin de subvenir aux dépenses directement liées à la tempête, et réparti comme suit : 4M€ pour l’aide financière d’urgence aux victimes et 55M€ pour le nouveau programme «Reconstruction des vallées» spécialement créé. La Fédération du BTP des Alpes-Maritimes et l’UPE 06, via leurs présidents respectifs, ont également été mobilisés pour participer à l’effort de reconstruction. Une page dédiée a été créée sur le site du Département pour un suivi en temps réel des chantiers en cours. 

Un plan de relance départemental ambitieux 

Au cœur de ce plan de relance, les stratégie Green Deal et Smart Deal avec la mise en œuvre «prochaine» de 2 dispositifs dédiés. Le premier concerne la création d’une SEM en charge de la production et de la distribution d’énergies renouvelables et le second envisage la mise en place d’un fonds d’investissement à la rénovation énergétique permettant le financement des travaux. Deux autres programmes concernant les infrastructures majeures du département seront également lancés avec, d’une part, un plan d’amélioration des mobilités sur Sophia Antipolis, tous modes de déplacements confondus (route, tram', bus, vélo…) et, d’autre part,  un plan de résorption des points noirs autoroutiers aux cotés de l’Etat et la Région. Ces programmes comprend 4 opérations connectées aux routes départementales pour une enveloppe de 14,5M€ de participation du Département, et concernent l’échangeur de Mougins, les études du nouvel échangeur des Bréguières pour faciliter les accès à Sophia depuis l’Ouest, l’échangeur des Tourrades à Cannes/Mandelieu et le Bus à Haut Niveau de Service entre Villeneuve-Loubet et Antibes. 

«Dans le domaine du numérique, et fort des bouleversements des modes d’organisation induits par la crise du Covid-19, l’innovation doit être un autre de nos engagements. 2021 sera ainsi consacré à l’émergence d’espaces de co-working et à la poursuite du déploiement de l’e-administration», précise Charles Ange Ginesy. Les service départementaux travaillent également sur la création d’une «ferme expérimentale 2.0» sur un terrain départemental à Biot, où les acteurs du SMART Deal, l’INRA, le lycée horticole d’Antibes, le cluster Intelligence Artificielle et la profession agricole seront impliqués pour travailler à l’agriculture de demain.

La solidarité territoriale renforcée

Enfin, la Solidarité Territoriale restera sanctuarisée avec 50M€ dédiés à l’Aide aux collectivités, avec 9M€ de subventions aux collectivités locales. En parallèle, le Département lançait il y a peu l’Agence 06. Chargée d’apporter aux communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui le demandent, une assistance d’ordre technique, juridique ou financière, elle sera dotée de près de 600.000€ de budget en 2021. 

Concernant le passage de la tempête Alex, un premier bilan permet de chiffrer à 140 le nombre d’agriculteurs et à 700 le nombre d’entreprises sinistrés. Au-delà du fonds d’urgence déjà en place, une aide à la reconstitution des moyens de production, plafonnée à 50.000.€, sera accordée, sous condition de reconstitution de l’outil de production sur place.