Cette récente vision de l’exploitation des mers et des océans pour une économie durable a le vent en poupe sur la Côte. Un passage obligé pour une économie plus verte.

La mer serait devenue le nouvel El Dorado. Après l’or bleu, place à l’économie bleue. La mer (et l’océan) est devenue une matière à part entière offrant de nombreuses perspectives. Notamment en termes de ressources nouvelles : énergies maritimes renouvelables, biotechnologies, production de combustibles, exploitation de nouvelles molécules, tourisme responsable, protection de l’environnement… On parle d’économie bleue. Le tout avec une utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables. Autant de possibilités de développement dont la France pourrait jouir pleinement avec ses 11M de km côtiers, faisant de l’Hexagone le 2e espace maritime mondial, derrière les Etats-Unis. D’autant plus que le poids de l’économie bleue dans le PIB national est de 1,5%, soit plus de 35Mds€. Notre pays est «une puissance maritime qui s'ignore», déclarait Saïd Ahamada, député LREM de Marseille, dans les colonnes du quotidien Les Echos. Le boom de l’économie bleue, en Région Sud on y croit : «nous attendons un doublement du secteur d’ici 2030», affirme Rémi Bellia, chargé de mission Maritima pour Petra Patrimonia. Et pour cause, les régions Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur concentrent à elles seules la moitié des emplois maritimes français. «Une véritable force en matière d’enjeux et de développement.» La Région Sud comptabilise 680km de côtes (dont 145km dans les Alpes-Maritimes), faisant d’elle la 1ere région maritime de France. De plus, 52% des emplois par famille concernent les travaux en mer (hors tourisme).

Accompagner les porteurs de projets

Le secteur du nautisme est particulièrement dynamique sur la Côte d'Azur et les chiffres sont en constante progression. Dans les Alpes-Maritimes, la filière représente 67% du chiffre d’affaires pour 5.288 emplois (selon les données recensées par Petra Patrimonia). C’est pourquoi la coopérative, via sa filiale Maritima a mis en place un dispositif d’accompagnement à destination des porteurs de projets de la filière nautisme. L’objectif est d’abord de faire connaître le milieu et d’aiguiller les futurs entrepreneurs dans leur projet. Ces nouveaux créateurs peuvent ainsi proposer et facturer des produits et prestations en bénéficiant des assurances, de l’accompagnement (comptable, administratif, juridique...), et du réseau de la coopérative. Les adhérents profitent ensuite du statut d’entrepreneur salarié. Aujourd’hui, Petra Patrimonia compte 102 entrepreneurs, dont 59 en contrat CAPE et 43 entrepreneurs salariés en PACA.

Allier économie bleue et croissance verte 

Dans le même temps, l’agglomération Cannes Lérins travaille à la mise en place d’un pôle nautisme.  Le projet, encore en cours de gestation, a pour but le renforcement des capacités des activités nautiques, portuaires et la préservation de l’environnement. Cannes s’est d’ailleurs vu décerner le label Pavillon Bleu, qui valorise chaque année les communes et ports de plaisance appliquant une politique de développement durable, pour plusieurs de ses plages et son port Canto. Cette future zone d’activité s’étendra entre Cannes et Mandelieu. «Nous souhaitons rassembler en un même lieu les acteurs forts de la filière», développe Mickael Camilleri, chargé de projets communauté d’agglomération Cannes pays de Lérins. Mais pour pouvoir exploiter cette ressource de façon optimale, «nous nous devons de mieux connaître nos mers et océans», souligne-t-il. Or, actuellement l’humanité a connaissance de seulement 10% des espèces maritimes. Ce que confirme Rémi Bellia : «nous avons plus d’informations sur le sol lunaire que sur nos océans». S’ajoute à cela les nombreux problèmes à gérer en Méditerranée, notamment sa (très) forte fréquentation, la pollution et l’urbanisation qui gagne sans cesse un peu plus de terrain.