Le gouvernement a récemment annoncé son «plan d’action pour la relocalisation des industries de santé en France», entre souveraineté nationale et coopération européenne.

La crise sanitaire a souligné la nécessité de gagner en indépendance industrielle et sanitaire, tant pour l’approvisionnement en médicaments qu’en dispositifs médicaux. Le 18 juin, les hauts fonctionnaires de la santé, de l’économie et de la finance se sont réunis pour dresser un état des lieux de la reprise d’activité dans ce secteur, avec, à la clé, un «plan d’action pour la relocalisation de projets de recherches et de sites de production de produits de santé en France». Objectif : la «reconquête de la souveraineté industrielle et sanitaire de la France». «Nul ne peut concevoir que la France soit un jour dans l’incapacité de permettre à chacun d’accéder à des soins, à des traitements et à des médicaments», souligne Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé.

Renforcer la capacité nationale de R&D

Fin mars, le gouvernement lançait un appel à projets, dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA), afin de soutenir les projets collaboratifs de recherche et de développement (R&D) de solutions thérapeutiques contre le Covid-19. Six projets ont d’ores et déjà été sélectionnés, pour un montant total de 78M€, couvrant diverses stratégies thérapeutiques (vaccinales, antivirales…) et approches technologiques (chimie, biotechnologies…). Dans le même temps, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé, toujours dans le cadre du PIA. Doté d’une enveloppe de 120M€, afin d’identifier les projets d’investissements «qui permettront de faire croître très rapidement la production de médicaments impliqués dans la prise en charge des patients atteints du Covid-19». Pour rappel l’AMI  est un mécanisme mis en place par un financeur pour l'attribution d'une subvention. Le financeur définit une problématique et un cadre. Les candidats au financement sont invités à présenter un projet s’inscrivant dans ce cadre et en définissent librement le contenu. Au total, ce sont près de 200M€ qui sont investis.

Construire une résilience à l’échelle européenne

Du côté du ministère, on se félicite : «grâce à cet investissement, nous allons relocaliser en France des emplois et des structures stratégiques qui contribuent à notre souveraineté en matière de santé», se réjouit Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances. Enfin, suite à l’appel à projets EIC (European Innovation Council) lancé en mars dernier, l’Etat financera 8 projets français dans le domaine de la santé, à hauteur de 57,4M€, dont 4 directement en lien avec l’épidémie de Covid-19. Le CSF des « Industries et Technologies de Santé » a également appelé la mise en place d’une «coordination européenne renforcée» pour soutenir la capacité de l’Union européenne à faire face à des crises sanitaires. Ainsi, la création d’un écosystème industriel européen pour la santé, annoncée par le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton, doit permettre de structurer l’ensemble des actions européennes vers «des objectifs partagés», et notamment «un renforcement de l’autonomie stratégique européenne pour la santé».